mars 2011
Miroir, ô mon miroir
Le miroir ne me reconnait plus
-mais peut-être fait-il semblant-,
Il ouvre le scintillement
De ses dorures, de ses eaux calmes
Et se fend d'un visage de cendre
A l'ovale fatigué de gris
Où le regard n'est plus que cernes,
Une allégeance, un rien de khôl
Sous l'éteignoir des paupières.
Alors... je ne reconnais plus mon miroir.
Il continue seul sa tournée d'illusions,
Paillettes d'or des grands soirs,
Musique enclose sur lèvres ouvertes,
Douceur généreuse rosie de beige
Avec des rêves, des trilles
Qui parfument, fanfaronnent,
Voyagent et carillonnent...
Pauvre Auguste, tendre et bête,
J'ai des frissons en regardant
Fondre le masque. Suis-je vivante ?
Des larmes coulent sur le reflet éteint.
Câline
En primeur aussi, quelques-unes des "Lettres à David"
et encore pour cette saison, ces quelques textes, d'autres inspirations :
D'autres saisons :
AVRIL 2010
Un pied dans la lavande
Et un pied dans l'été,
J'ai des fourmis au ventre
Car le jour s'est enfui
Sur le calendrier.
MARS 2010
Je guette une histoire
Qui n'arrivera pas
Puisqu'elle n'est pas nôtre.
Etre poète ce n'est pas compliqué.
Il faut
des mots
un crayon
et du papier.
Mais après ?
Après...
Il faut aller plus loin
Chercher tout au fond de soi
l'intime
la mise à nu
la non-pudeur.
Alors,
et alors seulement
Commence le talent.
CHM
JANVIER 2010
(à destination des enfants)
DEUX PETITS CHATS DANS UNE POUBELLE
Chat pas malin
Et petit chat coquin
Sortaient ensemble d'une même poubelle.
Chat pas malin
Avait pattes souillées
Mais petit chat coquin,
Moustaches droites, gardait pattes belles.
Comment fais-tu
-dit chat pas malin-
Pour sortir ainsi coquet
D'un tel tas de détritus ?
N'y as-tu pas mangé
Et trouvé chaussure à ton pied ?
J'avais chaque patte couverte
-répondit chat coquin-
D'une vieille, très vieille chaussette :
Ainsi pour belle allure garder,
Point besoin d'y chercher chaussure.
Chat pas malin
Regarda son compère
Et vit en effet tricot blanc
Sur la patte d'ébène...
Et petit chat coquin
De se rouler par terre
Tant son plaisir était grand
D'être repu sans trop de peine.
CALINE
Poème à ne pas dire n° 3
Je suis le dernier soir du monde
Et je viens te chercher.
J'ai préparé le lit
Où tu voudrais dormir ;
La lavande est coupée,
Tu peux t'y reposer.
Est-ce chagrin, est-ce colère ?
Il y a du venir dans le coucher du jour ;
Aux veines d'une rose
A rougi l'écritoire.
Je t'offre l'épitaphe
Qui veille sur tout repos :
"Ceci n'est que l'écorce amère
D'un épineux buisson".
Je suis le dernier soir du monde
Et je viens te chercher.
CHM
Poème à ne pas dire (n° 2)
Folle d'amour sans fin,
La crainte m'est venue
D'une fin sans amour.
Seule au bord des angoisses,
D'un chaos, d'un voyage
Vers des étoiles incertaines,
J'aurais rêvé de bras
Autour de ma douleur,
De l'écharpe soyeuse
D'un frôlement de peau,
De longs regards d'amour
Portant rive après rive.
La déchirure n'en finit plus
D'exploser ma brûlure de chair.
Je suis l'otage insoumise
A jamais écartelée
Entre le foudroyant besoin d'amour
Et l'élégante sortie de vie
Qui me ferait quitter
La route des jours maudits.
Poème à ne pas dire (n° 1)Sur un ticket de métroJe l'ai écrite ... ma vie-papier,Vie de poète hurlantSon mal à l'infini.C'est ainsi quandLe coeur explose, vide.Seule reste l'épine verte,Le dard... ou l'encrier.J'ai mal à en cracherMes souvenirs sur la mousse,A confondre dans le noirLe mal-vécu, le trop-pensé.Et la peur crisse sous ma dent.C'est chaud, c'est rouge,Cela ressemble à un baiser,Une grosse boule de papier mouillé.Et la question du bout du jourRevient en vagues lentes :Y a-t-il une étoileSur l'oreiller du poète blesséPour encore et toujoursLe laisser rêver ?CHM
(avril 2009) Délicatesse
Si par inadvertance
Bientôt je vous quittais
Renversez vite l'encrier
Et cliquez sur la page
J'avais le goût des choses
Et puis l'amour en plus
Mais je suis lasse de vendre
Souvent mon âme au diable
Je crois qu'il n'a plus faim
De ce maigre festin.
Jetez à contre-mots
Bouquets et délicatesses
Je ris déjà du bruit
Laissé par mes silences
Quand partout les nuages
Me chatouillent les yeux.
Ailleurs d'autres poèmes
S'habituent au tracé de ma main
Et je parle aux étoiles
Comme à de vieux copains.
Sans vous salir les mains
Vous pouvez renverser l'encrier,
Ma plume gratte l'arc-en-ciel
D'un million de chansons.
Câline
mars 2009
N'avez-vous pas rêvé
Un jour d'être poète,
Taquineur d'illusions
Auteur de quelques miettes
Laissées aux rives de l'imagination,
Comme ces jongleurs de mots
En équilibre sur un fil
...../... (3ème prix Charles Trénet)
*
* *
et les plus anciens...
Non, ce n'est pas un pleur,
A peine un ciel qui crève
Juste au-dessus des ombres,
Une sève qui saigne
Tout son trop-plein d'émois.
Sur l'image-reine du Soleil
…/…
Tes yeux font mal à ma mémoire
Mais tu n'es pas ce pleur,
Immense et maladroit,
Qui meurt sur la Seine
Quand l'écharpe de soie
Poursuit un corps qui rêve
Au fil des eaux troubles.
Même si
…/…
Ton sourire au goût de l'enfance
Illumine seul mes paradis.
Non, ce n'est pas un pleur,
Juste la fuite du printemps
Au vent mouillé des fantaisies.
Pas un nez qui ne trahisse
Ce chant de glace venu d'en haut,
Cette goutte de neige accrochée au ravin.
L'hiver installe sa fourrure
Jusqu'aux cimes des grands pins,
Griffant l'oiseau au coeur des plumes
De son ongle crochu et sournois.
……
La neige a envahi le ciel
Tout dépeigné par ses flocons.
Hommes et bêtes se terrent,
Impuissants spectateurs
De l'ancestrale querelle
Opposant ciel et terre,
Simples vermisseaux
Battus par le fil des saisons.
Ici, la terre n'est pas bavarde
Et les hommes sans envie de parler.
Ici,
Ici, où les volcans seuls
Savent gronder plus fort que les sources,
…/…
Ici,
Où la terre n'est pas bavarde,
Et les hommes sans envie de parler.
Volcans noirs, bruts de saisons,
Aux lèvres immensément sèches,
Qui déflorez le ciel de mille sortilèges,
Neige est venue boire à l'empreinte
De vos forêts ardentes
Et Neige vous a vaincus.
Impéritie de la joie
Trouvée le nez dans les étoiles.
A l'heure où les calices d'orgueil
Pâment l'aile muette
Des brisures de nuit,
Les blancs de lune
Gèlent les pattes des oiseaux
Aux balcons de janvier.
Baisers d'arbre emmêlés
Au givre des hivers,
La mousse habite nue
Le craquement des feuilles
Tandis que,
Lasse et dépeignée, une forêt
Gîte au ventre de lave
Mêlant ses souvenirs de fleurs
A la bise cruelle, mauve
Telle paupière de femme
Après l'amour - Repue - Paisible.
ce poème est dédié à tous ceux
qui n'ont pas compris que la Poésie
était peut-être l'une des plus grandes
chances de survie de l'humanité.
Il y a trop de sang
Sur l'aile des colombes,
Un boulet de canon
Pour chaque grain de sable
Et des hommes brisés
Devant l'astre du jour.
…/…
Ne soyez pas l'ortie
Poussant sous le bon blé.
…/…
Un poète, c'est sacré...
Comme l'aile des colombes,
Le sable sur les dunes,
Cathédrale d'amour
Où croissent les fleurs de nos pensées.
à Romuald, mon fils ,
cette histoire d'hier et demain
P'tit Caïd, t'en vas pas !
J'ai besoin de ton ciel,
Des foudres de tes yeux
Sur mes larmes d'amour,
Besoin de l'eau qui dort
Sur tes chagrins d'enfant.
P'tit Caïd, t'en vas pas
…/…
Plein soleil sur les marais salants.
Restent sur la mer un voilier
De neige, sa mâture
Filant les vagues
Et l'eau qui rêve.
…/…
P'tit Caïd, tes perles de jeunesse
Abritent des étoiles
Où toi seul peut rêver
A l'espace-araignée
Des fils de ton destin.
Mais laisse-moi, silencieuse,
Prendre place dans l'ombre
Des margelles du bonheur
…/…
Je flaire la nuit
De mille mains d'amour.
C'est une nuit étrange
Car dans l'eau de tes yeux
Les poussières de l'absence
Ont laissé un nuage
Briser tous tes soleils.
…/…
Dans cet éveil bleu
Où je ne suis plus rien,
Tu ne seras plus jamais Nous
Avec ces yeux qui brûlent
Leur désespoir d'Amour,
Tes yeux-Egée, tes yeux-tempête,
Ce velours de pervenche irrisée
Battue par des marées
Sur rires d'Outre-Vie.
Mon Prince, ma Magie Blonde,
Tu ne seras plus jamais Nous
Et que reste-t-il de moi ?
Garde-moi dans tes bras
Un espace soleil,
Un passé d'enfant-roi
Loin des folies humaines,
…/…
Garde-moi un repos
Aux paupières mouillées,
Le tracé malhabile
De nos gestes d'amour.
Laisse se poser le rêve
Sur un trop long chemin...
Fièvre Africaine (Monbasa)
Océan d'oiseaux-rois
Perchés à coraux découverts
Sur le sel rose des marées,
Un vent sur les fleurs
Pour chanter sa folie :
L'orange-bleu des levers de soleil
Et le libre éveil des oiseaux
Dans les trouées d'air chaud,
…/…
La feuille goûtant le bruit des fleurs
Qui fait rire le vent,
L'émeraude vivante où dorment
Les bateaux de bois gavés de coquillages,
…/…
Terre brûlée de fruits mûrs,
Dépouillée à l'envi,
Parfumée de couleurs vraies
Et de fièvres étranges.
Aucun silence en ton écrin.
Jamais.
Et cependant la Paix,
Comme une bulle d'oxygène
En équilibre sur le temple du rêve.
Des vases sans bouquets
Monte un parfum lavande.
La montagne m'appelle
Et mon crayon se tait.
Impossible écriture
Des jours de plein mistral ;
Ensemble sous nos sandales
Froissons à l'unisson
Les couleurs Estérel,
Cachés dans les buissons.
Le bouquet sur la page
Continue sa chanson.
L’avenir est un jardin
Où je veux voir germer
Des graines fortes et saines
A l’abri des vermines
Et des bruissements d’herbes
Qui effraient les oiseaux.
…/…
Mon sac de bergère,
Je l’ai dedans la tête ;
Passé le temps du grain
On revient aux moutons :
Le lait au parfum de prairie,
L’eau en bordure de champs.
…/…
Au couchant des brûlures de jour,
Là où le poète
Sait encore griffer la rivière,
J’’ai appris du soleil
De bien jolies histoires…/…
Les Ailes Repliées
J'ai des habitudes de silence,
Comme de grands ongles rongés
Qui grifferaient l'armure de mes incertitudes.
J'ai des candeurs éthérées de courtisane,
De fille de feu, la cendre aux yeux.
Je range mes ailes au passage des nuages.
Comme un duvet d'oiseau
Sur l'éteule des moissons envolées,
Je me pique le bec à la barbe du soleil.
Telle une enfant gavée de lait d'amour,
Je passe chemin, pouffant de rire.
Entre mes cils, tout un royaume.
Bleu Mouillé
L'envers est toujours bleu mouillé
Quand le vent triche sur la lande immobile
Faisant trembler l'orage sur la mer.
Pauvre luth suspendu au clocher de ma rime,
De rares étincelles d'harmonie seules s'y noient.
Le grand feu se repose en poème interdit,
Droit dans l'épaisseur de ton regard :
Bleu mouillé sous tes cils.
Secrets
Ne dérangez plus mes jardins de lumière,
Mes silences vivants aux pétales pourprés ;
Ne dérangez plus mes miracles d'amour
Aux buissons de colère, à l'épine trop tendre ;
Pas non plus les colombes
Au tranchant de mes vers,
Pas non plus les arpèges
A l'échappée des mots.
…/…
Fouillez, si vous voulez, aux greniers de tendresse
Dans les paniers à grains où dorment les moissons ;
…/…
Laissez aux muettes prières le désuet goût d'espoir,
Le tremblé d'un soleil aux berges de déraison.
De grâce, semez douceur sur l'endeuillée des jours :
Les mots sont un calice où trop peu savent boire.
Pont-Aven
J'ai revu le pentu
De ces genêts-jardins
Qui cueillent les aurores
Au gré des vents marins,
Revu le port serein,
Ses voiles et ses mâtures
Et la rue des Moulins
Où l'Aven coule pur...
Aux âmes des maisons
Suinte "La Paimpolaise",
…/…
Ah ! Perdre haleine encore
Dans ces rues de lumière,
Petits chemins qui dansent,
Lentes barques sous les cils,
Et capturer le charme
-de ceux qui ensorcellent-
Pour teinter de silence
Les poèmes non écrits.
Le Partage De L’Eau
Inhumaine impuissance
Des fontainières à la peau blanche
Quand le regard se porte
Sur l'épaule à la peau brûlée
De nos frères sacrifiés au désert
D'un peuple qui crie sa soif
…/…
Pas une étoile de neige sur le sable,
Pas un grain de folie gelé au carreau.
La terre a besoin d'un peu de partage ;
Ailleurs sont les cascades, les ruisseaux,
Ici on se bat pour une perle d'eau,
Une branche qui casse le dos,
Deux outres à demi pleines,
A la main la tasse sableuse
Du porteur d'eau.
J'ai mal à mes paysages de France,
A l'eau salée de ce qui n'est que pensée.
J'ai mal à mes yeux d'ignorance.
Ailleurs, il n'est plus temps de rêver :
Pas une source, pas un névé,
Juste un désespoir liquide
Goutte à goutte épuisé.
Mon Village, mon Automne
Mon Village, Mon Automne
Les feuillages d'automne
Ont d'étranges façons
Quand tremblent les licornes
Du grand feu des buissons.
L'on pince un peu le ciel
…/…
L'automne dans mon village
Veille aux chants des oiseaux
Comme plumes en partage
Contant le blé et l'eau.
Ailleurs il fait chaleur,
On coupe le raisin ;
Ici on vit à l'heure
Du fromage et du pain.
Mais les yeux du bonheur
Partagent l'or de nos mains,
…/…
Vieux Menton
Il monte des maisons
Comme un rêve d'oiseau,
Un léger bruit de vie
Courant sur les côteaux ;
Des fleurs, noueuses franges,
Faufilent leur velours
Comme plumes posées
Au rose des pavés.
J'ai le goût des regards
Qui n'en finissent plus,
S'arrêtent aux bancs d'amour,
Et montent en paillettes
Jusqu'à l'offrande du clocher.
Regard croquis, regards croqués
Par-delà l'enchantement muet
Du soleil sur la peau
Quand le jour grimpe,
En vieille ville, en floraison.
Il monte de la rue
L'arôme sortilège,
La peau nue des oranges
Sous leur teinte d'hiver.
A l'ajonc des paniers
S'offrent l'arbouse et la lavande,
La fleur de thym,... la Méditerrannée.
Le Bocal
Mon univers si petit
Boit à travers son globe
Une eau salée de fin d'été.
Sous la plaie refermée,
Des liens ont tissé
l'Araignée du Silence.
J'ai pêché l'algue brune
Qui m'enchaîne, qui m'entraîne
D'abysses en transparences.
Bien loin les quartz roses
Des murets de l'enfance !
J'ai bu aux coupes infernales :
Berce-douleurs ces poèmes
En mon âme de chair.
J'ai bu à la lèvre
De la petite vie.
Il Etait Un Jardin
Il était un jardin,
Il était une France,
Et puis moi la Fourmi
En son jardin, la France.
Au fuyant des envolées de neige
Comme au noir des vallées frileuses,
On devine le frisson géant
D’un ailleurs irrité et vengeur :
Le revers de la main de Dieu,
La Bête-Terre se secouant l’échine,
Le solstice à l’envers
Sous l’échappée du Vent.
Alors dans les cheminées de suie froide
Monte l’impie et peureuse prière
Pour un soleil éternel, bienveillant,
Peuplé de chants, de danses ...
Promesses d’amour
D’hommes en éternelle guerre,
Promesses d’hommes impénitents.....